"L’Europe est ainsi devenue le grenier des trésors africains d’un autre millénaire."
crédit image sur : www.afrofuture.it
Pour ceux qui se perdent régulièrement sur Youtube ou les sites de musique, vous avez sûrement du vous rendre compte de la multiplication de sons aux résonances africaines (latino-américaines également, mais ce sera pour un autre article). Que ce soit sous forme de remixes, de rééditions de morceaux originaux ou de de créations originales, l'internet semble en faire naître tous les jours. Et c'est tant mieux.
Cette émergence est intimement liée à la (re)découverte de musiques plus ou moins rapidement oubliées dans leur temps. C'est du moins ce que nous explique ce premier article publié dans Le Monde Afrique qui nous donne un premier exemple de ces "digger".
Par exemple, Brian Shimkovitz, américain installé à Berlin, réédite via son blog Awesome Tapes From Africa (ATFA) d'anciens morceaux dénichés lors de ses divers voyages sur le continent africain (au Ghana, Sénégal, Ethiopie, Afrique du Sud ou encore Nigeria). C'est le cas des titres de l'artiste ghanéen Ata Kak, inconnu au Ghana il y a encore quelques années, mais qui comptabilise déjà plus de 160.000 vues sur Youtube pour son morceau Obaa Sima.
Cette pratique montre bien que les échanges culturels entre l'Europe et l'Afrique sont aujourd'hui, et ont toujours été, bilatéraux. En effet, comme nous avertit dès le départ ce second article de next.Libération, déjà dans les années 1980 certains artistes africains faisaient des tournées en Europe. Le constat reste cependant similaire au premier article. Pour beaucoup d'artistes africains jouants dans les pays européens il existe un réel déséquilibre dans les niveaux de célébrité entre les deux continents. Par exemple, comme il y est expliqué dans l'article de Libération : "le site Music in Africa recensait récemment cinq artistes congolais inconnus à Kinshasa mais plus célèbres à l’étranger que les grandes stars locales". La réaction des autochtones à l'écoute des titres joués en Europe correspond par symétrie à celle que l'on aurait si la musique de Jean-Pierre François vivait une seconde jeunesse en République Démocratique du Congo (RDC) - "Ce sont de vieux trucs de chez nous, plus personne n’écoute ça aujourd’hui." Et bien ici, si. Et on aime ça! Citons par exemple Konono n°1 qui travaille aujourd'hui avec le label belge Crammed Discs. Juste pour le plaisir précisons que ce dernier travaille également entre autre avec Acid Arab, Chica Libre ou encore DJ Dolores... Il y a de quoi verser de petites larmes de remerciement.
Cette hybridation musicale sortie d'une fusion entre l'utilisation de mélodies/rythmiques traditionnelles et d'instruments électroniques donne sûrement l'une des plus belles formes prise par l'arrivée du numérique sur le continent africain (qui montre une nouvelle fois sa capacité assez incroyable d'adaptation aux nouvelles technologies).
C'est ce que le DJ Batida (né en Angola et élevé à Lisbonne) confirme lorsqu'il explique que l'"Afrique est rentrée pleinement dans l’ère du numérique. Il y a des home studios partout, dont émergent des sons complètement dingues, à Luanda ou à Johannesburg. Je crois qu’on n’a rien à envier à Manchester ou à Londres. Dans les capitales africaines, les jeunes parviennent à se procurer un ordinateur et des synthés, et ils produisent des sons fabuleux ! C’est foudroyant et frais.»
Allez, pour le plaisir, et parce que tout ça nous rend joyeux, on conclut comme ça :