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L’Éthiopie, exemple des conséquences d’El Niño


(crédit photo : http://bit.ly/220ngQW)

L’actuelle sécheresse en Éthiopie est due aux perturbations climatiques du phénomène El Niño, le plus intense jamais connu auparavant. L’intensité du phénomène océanique a provoqué inondations et sécheresses dans le pays, faisant peser de sérieuses inquiétudes sur la proximité d’un nouvel épisode de famine. La mise en place d’une aide d’urgence par les Nations Unies doit avant tout mettre en lumière la faible capacité de résilience des pays en développement face à ces phénomènes climatiques, qui met en péril leur capacité à nourrir leur population.

 

L’Organisation des Nations Unis pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) a présenté au début du mois de janvier un plan d’urgence de 50 millions de dollars pour venir en aide à l’Éthiopie, victime d’une sécheresse historique depuis 50 ans à cause du phénomène El Niño. Les pluies ont été inexistantes entre juin et septembre, alors que cette période correspond d’ordinaire à la principale saison des pluies dans un pays où l’agriculture est majoritairement pluviale.

L’absence de précipitations a provoqué une baisse de la production de céréales de l’ordre de 50 % à 90 % selon les régions, et une perte massive d’animaux dans les cheptels impliquant une chute importante des cours sur les marchés locaux (de 70 % à 80 %). Alors que les ménages agricoles les plus pauvres disposent de quelques vaches ou chèvres pour s’auto-alimenter en lait et viande, la perte de leurs animaux fait peser un risque important de malnutrition, pour les enfants en bas âge notamment, et donc de mortalité infantile. Sur le long terme, cette sécheresse pèsera encore sur les agriculteurs par rapport à son impact sur la santé des animaux, devenus maigres et malades, et sur la qualité des récoltes avec des semences en grande partie perdues ou improductives. De plus, les pluies torrentielles qui ont succédé à la sécheresse ont renforcé la destruction des récoltes et la dégradation des sols.

Début 2015, l’Organisation des Nations Unies (ONU) estimait que 2,9 millions de personnes avait besoin d’une aide alimentaire en Éthiopie. Il est actuellement de 15 millions de personnes en ce début d’année 2016.

Pour pallier cette situation critique, le gouvernement Éthiopien a lancé un appel d’offre pour l’importation d’un million de tonne de blé (soit ce qu’elle importe sur une année entière), et a puisé 200 millions de dollars dans son budget pour distribuer de l’aide alimentaire. Malgré des promesses de dons estimées à 163 millions de dollars pour début 2016, il faudrait en tout presque 600 millions de dollars selon l’ONU pour couvrir la demande alimentaire locale.

La sécheresse de 2011 avait déjà provoqué une hausse significative du prix des denrées alimentaires, comme le maïs qui est la principale céréale produite dans le pays et dont la tendance des prix est à la hausse depuis 2006. En 2015, les prix sont orientés à la baisse malgré des pertes conséquentes dans la production céréalière (estimées à 14% pour la campagne 2015-2016 par la FAO), et ceci grâce à l’aide alimentaire d’urgence déployée.

*Marchés de Dire Dawa, Gode, Yabelo, Gambela, Adwa et Bati.

Toutefois, cette aide est difficilement tenable sur le long terme, et l’éventualité de connaître une nouvelle pénurie alimentaire hante un pays traumatisé par deux graves famines successives au milieu des années 80. Les perspectives économiques sont très pessimistes, le précédent phénomène El Niño entre 2002 et 2003 ayant provoqué un recul de la croissance économique de 3% pour l’une des économies africaines les plus dynamiques. Dans un pays où l’agriculture représente la moitié du PIB et 80 % de l’emploi, la perte de production agricole va incontestablement nuire à la capacité du pays à générer des ressources financières pour maintenir l’aide alimentaire, notamment à travers ses recettes d’exportations.

Il est donc urgent que la communauté internationale se coordonne pour financer et/ou appuyer les programmes d’aide alimentaire, en Éthiopie mais aussi plus récemment au Yémen où les signalements de situations agricoles alarmantes s’accumulent, à cause d’El Niño entre autre. La prévention d’une potentielle famine représente un coût moindre que l’action contre celle-ci, et elle permettrait d’éviter aux populations rurales les plus exposées de subir des conséquences économiques irrémédiables, comme la déscolarisation de leurs enfants, une décapitalisation de leur patrimoine financier ou une baisse du nombre de repas impliquant une malnutrition chronique. Les interactions entre les enjeux environnementaux, agricoles et socio-économiques n’ont jamais été aussi fortes qu’en ce siècle, et doivent amener à renforcer les mécanismes de solidarité et l’efficacité des actions de la communauté internationale pour éviter de nouveaux drames humains, notamment chez les enfants.


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