Qu’est ce qu’une Organisation Non Gouvernementale ?
Thomas est un ancien étudiant du Magistère d'économie à Paris-1 Panthéon Sorbonne et du Master Development Economics de The University of Birmingham.
Street Art d'Alexandre Farto aka Vhils (Brésil)
(Photo ©Vhils via www.facebook.com/AlexandreFartoVHILS)
Les ONG sont souvent considérées comme des acteurs importants dans le développement économique. Qu’elles se battent pour le développement durable, la lutte contre la pauvreté, la parité des genres ou pour la protection des enfants, elles jalonnent notre quotidien d’actions d’éclats et de campagnes chocs. Mais face à une telle diversité, comment est ce possible de nommer toutes ces différentes associations sous le même nom et sous le même regroupement ?
Il est important de précisément définir le rôle des NGO, tant pour leurs actions jouées dans le monde en développement que pour la croissance quasi exponentielle de leurs nombres et de leurs actions. En effet, cette solidarité, souvent économique, explose depuis quelques années, et il est vital de comprendre le fonctionnement et le rôle de ce « troisième acteur », dans le sens où il n’est ni public, ni privé, dans nos économies. Il suffit de regarder les données fournies par InterAction, une ONG quantifiant le nombre d’ONG dans le monde, pour se rendre compte de la croissance incroyable de ces acteurs depuis ces trente dernières années
Penchons nous d’abord sur les définitions officielles et classiques des ONG, et voyons ce que nous pouvons en tirer. Tout d’abord, nous pouvons mettre en avant la description d’une ONG par l’ONU, l’Organisation des Nations Unis. Pour l’ONU, est ONG un groupement de citoyen agissant volontairement dans un but d’activité non lucrative, à une échelle locale, nationale ou internationale.
Cette définition, qui semble pourtant claire au premier point de vue, n’est pas assez précise et englobe beaucoup de groupuscules et associations de citoyens dont l’activité n’est pas tournée vers le développement ou l’aide à autrui. En effet, si l’on suit les conditions scrupuleusement, un lobby raciste est une ONG, tout comme une bande terroriste ; puisqu’après tout, ce sont des groupes volontaires de citoyens agissant à diverses échelles, et sans visée lucrative aucune. De fait, il nous faut une définition plus claire, plus précise de la chose.
Bebbington et Mitlin (1), en 1966 sous le couvert d’un rapport de l’ESCOR (Economic and Social Council for Overseas Research, une partie du Département du développement Internationale du Royaume Uni) proposèrent une autre définition, plus intéressante. Pour eux, une ONG se définit par un groupe professionnel (pas toujours salarié), intermédiaire non gouvernemental qui canalise des moyens financiers, techniques, intellectuels ou autres pour supporter d’autres groupes au sein de la société civile.
Cette fois ci, nous pouvons clairement évincer les groupes racistes, les lobbies et les bandes violentes puisqu’elles ne se battent clairement pas pour une autre partie de la société civile, mais pour eux-mêmes ou contre d’autres de leurs concitoyens. Néanmoins, cette définition semble encore oublier des dimensions importantes, ou du moins, ne précise pas suffisamment l’importance de ces dimensions. En effet, quid des instituts de micro-finance ? Quid des ONG offrant des services (tel que de l’éducation, des soins, de l’aménagement) moins cher que l’Etat ? Quid des ONG qui engrangent des recettes ?
En effet, certaines actions font que des ONG peuvent engranger des profits, pour payer leurs salariés ou investir dans de futurs projets. De fait, nous avons besoin d’une nouvelle définition des ONG, plus proche de leurs rôles réels dans le monde en développement.
Je vais ici proposer, ou du moins tenter de proposer, une définition plus exhaustive. Une ONG devrait se définir par plusieurs caractéristiques :
Elle provient de la société civile, agit dans la société civile et se conclut dans la société civile. C’est à dire que ses actions ont une finalité qui ne sera que dans la société civile. Par exemple, les actions d’une ONG ne devraient pas être dans l’optique d’une génération accrue de profit pour une compagnie privé ; comme une Fondation peut l’être. Leurs actions doivent se conclure dans autre partie de la société civile.
Par nature elle est indépendante d’une action Etatique dans le sens où ni l’Etat ni aucun sponsors privés ne régulent ses actions principales. Une ONG peut avoir des sponsors, mais si ces sponsors décident de l’action d’une ONG, ce n’est plus une ONG. Il y a une obligation d’indépendance, pour rester dans l’esprit d’une ONG, qui se veut libre des entraves publiques et dans une visée différente que celle des organisations privées. Ce doit donc être une initiative civile.
Elle se bat dans une optique d’améliorer, soutenir ou supporter la vie ou les conditions de vie d’une autre part de la société civile.
Si des profits sont engrangés, ils ne le sont pas dans un but d’enrichissement personnel ; mais d’une action plus efficace, plus importante et/ou plus élargie. Nous pouvons donc parler de visée lucrative sociale.
Ses actions peuvent se porter sur de multiples dimensions, et elles ne sont surtout pas cantonnées sur une action économique ; mais peut aussi agir à un niveau social, culturel, éducationnel, etc. Elles peuvent donc avoir des objectifs divers, qu’ils soient sociaux, culturels, économiques ou autres.
Si nous prenons en compte ces quelques points, nous pouvons d’ores et déjà former une définition compacte et organisée. De fait, est une NGO une organisation indépendante dans ses actions à but lucratif social issue de la société civile, visant à améliorer, soutenir ou développer positivement une autre partie de la société civile dans une visée humanitaire.
Revenons rapidement sur cette définition. Une portée lucrative sociale serait le fait de pouvoir engranger des profits, et donc d’avoir des bénéfices, mais de partir du principe que ces bénéfices sont ici clairement dévoués à un réinvestissement humanitaire. Par exemple, une ONG de micro-finance peut potentiellement générer du profit, il ne faut pas voir cela comme une mauvaise chose, mais au contraire comme une opportunité d’une action plus efficace par le futur.
De la société civile à la société civile signifie que c’est un rassemblement de particuliers visant à agir sur un autre groupe de particuliers. Cette définition semble plus proche de l’idée des ONG actuelles et du rôle qu’elles peuvent jouer dans le monde du développement et de l’action sociale. Ceci nous offre donc une base de départ solide pour de futures réflexions ou futurs idées sur leurs actions et leurs rôles aujourd’hui.
(1) Bebbington Anthony & Mitlin Diana (1996), NGO capacity and effectiveness: a review of themes in NGO-related research recently funded by ESCOR, IIED, London.