Top Articles : Pluralisme en économie
Ce post n'a pas directement à voir avec l'économie du développement, mais puisqu'il y a "économie" devant "développement", il nous a semblé important d'aborder ce sujet. En effet, les mêmes questions se posent dès que l'on aborde la question de la définition de "développement", de sa mesure et de la méthodologie à adopter pour l'analyser.
La parution de l’ouvrage de Pierre Cahuc et André Zylberberg, Le négationnisme économique, a relancé les discussions sur l’importance du pluralisme dans l’étude de l’économie en France et de sa place dans les différentes institutions (académiques mais pas seulement). Ces débats sont souvent présentés (trop) rapidement comme opposant les « orthodoxes » et les « hétérodoxes ».
Pour commencer, voici la vidéo d'une discussion avec André Orléan et Olivier Favereau, tous deux membres de l'Association Française d'Economie Politique (AFEP), sur l'intérêt d'un débat ouvert au pluralisme en économie et sur sa progressive disparition dans les institutions académiques. Voir aussi la tribune qu'ils ont signé avec d'autres chercheurs en économie dans Le Monde en janvier 2015.
Cette prise de position peut se rattacher dans la longue histoire de débats et controverses en économie (voir par exemple la "Methodenstreit" ou, comme l'a appelée J. A. Schumpeter, la "querelle des méthodes"). Aujourd'hui, les discussions portent à la fois sur la méthodologie utilisée (un prochain post y sera bientôt consacré) mais aussi sur l'organisation des institutions académiques et son impact sur la représentativité des différentes écoles de pensée.
Le livre de P.Cahuc et A.Zylberberg a donc relancé ces discussions en avançant que les méthodes expérimentales, de plus en plus utilisées ces dernières années, permettent à la science économique de se rapprocher des sciences dites « naturelles » comme « la physique, la biologie, la médecine ou la climatologie ».
Parmi les commentaires publiés à la suite du livre, on peut donner comme exemple le post de Xavier Ragot, président de l’Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE), sur le blog de l'institution.
Sur le même blog de l'OFCE Pierre Cahuc et Zylberberg ont eu l'opportunité de répondre à certaines critiques qui leur été adressées.
On vous conseille également une autre analyse extrêmement intéressante, celle de Béatrice Cherrier (@Undercovhist), historienne de la pensée économique.
(N.B.: son blog vaut le détour et prouve l’importance de l’histoire de la pensée économique dans l’étude de l’économie)
En tant qu’étudiant en économie du développement nous ne pouvions oublier le point de vue de Gaël Giraud, économiste en chef à l’Agence Française de Développement !
Voir aussi du même auteur cette interview publiée sur Le Journal du CNRS.
Et enfin pour conclure ce post, voici différentes représentations graphiques proposant de décrire la diversité des approches en économie. Comme dans tout travail de classification, il faut en effet être extrêmement prudent et ne jamais oublier le caractère arbitraire de toute typologie :
(source : http://www.monde-diplomatique.fr/2015/07/RAIM/53196)
(source : https://t.co/3kIN56hHMI)
Et le meilleur pour la fin,
(source : https://twitter.com/econoclaste/status/786478994753359872)
n.b. Bon, pour la jouer fair-play, Stéphane Ménia du blog les éconoclastes a également contribué au débat, donc on vous partage aussi son post.
Vous voilà rodé pour discuter de ce sujet avec n'importe qui. Vous pouvez maintenant expliquer à votre grand-mère ou à votre voisin de bus que ces débats ne se font pas entre des économistes "de gauche" et d'autres "de droite" ou encore que l'opposition "orthodoxes" et "hétérodoxes" est trop réductrice. Pour pouvez aussi dorénavant leur faire comprendre que ces discussions sont importantes et nécessaires, mais surtout qu'elles ne concernent pas seulement un petit groupe de chercheurs en épistémologie économique. L'économie est une science sociale et le restera, elle concerne donc toute la société.