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Pourquoi voir ou revoir La pirogue de Moussa Touré ?


1. Parce que le huis clos induit par le seul espace confiné de cette pirogue où se tourne la majeure partie du film est un excellent théâtre pour exposer ce fait brutal qu'est l'immigration clandestine. On se rapproche ainsi de ces personnes et de leur situation mais on prend également part à cette sorte de claustrophobie induite par l'espace clos, cette gêne, cet étouffement (littéral mais aussi économique, qui pousse ces personnes à émigrer) et qui se dégrade à mesure du film et qui devient de plus en plus oppressant comme pour montrer la pression posée sur les épaules de ces personnes.

2. Parce qu'on souligne la présence d'une femme parmi les passagers. De plus est, c'est le seul passager clandestin de la pirogue ! Serait-elle donc la plus forte ? la plus courageuse ? En tout cas, elle est là alors que personne ne l'attendait dans ces sociétés souvent quelque peu misogyne. Moussa Touré s'en sert ainsi pour représenter cette jeunesse féminine désireuse de s'en sortir également, pleine de ressources et qui ne se laisse pas faire.

3. Parce qu'on n'est pas d'accord avec l'une des critiques les plus acerbes faite à ce film. En effet, pour certains, l'une des erreurs du réalisateur et des scénaristes seraient de ne s'être focaliser que sur le voyage, de ses préparatifs au drame final sans prendre en compte l'aspect sociologique des personnages en ne faisant qu'esquisser les personnages et leur parcours. C'est en effet le cas mais l'opinion s'arrête-t-elle véritablement sur le parcours et les personnalités de ces migrants ? Cet aspect, peut-être voulu par les scénaristes, rajoute au fait que ces migrants perdent une partie de leur identité notamment à travers le regard que les autres leur portent; une compassion pour le statut mais rarement pour l'être.

4. Parce que cette pirogue embarque 30 personnes (31 plutôt avec le passager clandestin) d'origines ethniques diverses qui parlent des langues différentes et ne se comprennent pas toujours. On retrouve ainsi des Guinéens qui sont Peuls, des Toucouleurs et des Wolofs. Moussa Touré montre ainsi la complexité des relations existantes dans un même pays et qui complexifie encore davantage l'essor de ce dernier et profite de cette diversité pour montrer l'état de l'Homme face à la mort et le doute. Qu'importe sa nationalité, face à la précarité, la faim, la soif, l'Homme est aussi impuissant et la Mort n'épargne personne. On apprécie particulièrement le moment où l'on entend des lettres réfléchies par les personnages lorsque le doute commence à s'immiscer quant à la réussite de leur projet

5. Et enfin, pour finir avec un aspect technique. Parce que, contrairement à L'Odyssée de Pi dont les scènes embarquées se tenaient en studio, Moussa Touré a choisi de réaliser les scènes embarquées en environnement réel, à l'embouchure d'un fleuve et de la mer. Evidemment, cela rajoute au réalisme mais ce n'est pas tout, la majorité des acteurs ne sachant pas nager, la prouesse technique n'est qu'amplifiée et le réalisme également.


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