Pourquoi voir ou revoir Wild de Jean-Marc Vallée ?
1. Parce qu'il est rare de voir une thématique pareille abordée d'un point du vue féminin. On connaît Into the wild de Sean Penn ou encore 127 heures de Danny Boyle, mais voir dans un film une femme s'embarquer dans une traversée d'espaces naturels en quête de beauté simple, ou simplement de soi-même, c'est relativement innovant.
2. Pour observer la rapidité de la décadence et la lenteur de la rédemption. Le film nous montre ainsi la vie à multiple rebondissements de Cheryl Strayed. Fille d'un père alcoolique et d'une mère battue dont elle est particulièrement proche, elle se marie, sa mère décède, son mariage rate, elle se drogue, devient nymphomane. Bref, un combo de choses peu sympathiques, suivies d'espoirs puis de désillusions. Et enfin, cette marche sur le Pacific Crest Trail, GR de 4240 km à travers les Etats-Unis, allant de la frontière mexicaine à la frontière canadienne, autant vous dire, une variété de paysages sans pareille ! Un grand bol d'air en soi, une renaissance pour Cheryl Strayed, une liberté retrouvée.
3. Parce qu'on connaît la capacité de Jean-Marc Vallée à traiter de sujet tel que le combat contre la vie (ou plutôt pour la vie) et à transmettre ce soucis de réalité à ses acteurs. Personne n'aura ainsi oublié la maigreur spectaculaire de Matthew McConaughey et Jared Leto dans Dallas Buyers Club, film qui leur vaudra d'ailleurs un Oscar à chacun. Reese Witherspoon a également du payer de sa personne puisqu'elle a véritablement effectué une partie de ce GR puis d'autres sites de randonnée, notamment dans l'Oregon, au cours desquels elle a du marcher avec de la neige jusqu'à la poitrine, traverser des rivières, escalader des montagnes puis vaincre le chaud et le froid. Plus particulièrement, on se souvient de la façon dont Jean-Marc Vallé avait réussi avec Dallas Buyers Club à faire passer un message d'espoir sur la volonté de vivre de l'Homme et sa capacité à se relever, capacité que l'on retrouve ici dans Wild.
4. Parce que le film ne montre pas que de beaux paysages, une histoire lisse de libération de l'Homme ou un chemin tout tracé de réussite, mais montre un ensemble de travers et d'embûches mis sur ce chemin. On ne finit pas ici aussi tragiquement que dans le film de Sean Penn mais on peut tout de même voir la difficulté de se relever, de prendre sa vie en mains et de la mener sur le chemin que l'on veut suivre. L'aspect féminin de l'aventure n'arrange pas les choses évidemment ; une femme, plutôt séduisante, seule sur un sentier extrêmement peu fréquenté ou seulement par quelques chasseurs et marcheurs, je vous laisse imaginer les situations auxquelles elle a pu faire face... Quoi qu'il en soit, on apprécie que pour une fois le personnage principal de ce type d'aventure au cinéma soit une femme.
5. Parce que Jean-Marc Vallée a fait le choix de filmer au plus près le personnage central de son film sans accorder une importance démesurée aux paysages pourtant magnifiques qui l'entourent. La caméra est ainsi toujours très proche de l'actrice pour nous montrer son visage, marqué par la vie, ses réactions, sa douleur. On peut frôler le pathétique à certains moments mais le choix du réalisateur est assez courageux pour être soutenu; ne pas filmer que cette nature et ce retour aux sources, mais filmer une personne qui cherche autre chose, davantage.