Pourquoi voir ou revoir Mandarines de Zaza Urushadze ?
1. Pour prendre connaissance, si ce n'est déjà fait, de ce conflit des années 90 dans la province géorgienne d'Abkhazie. Ce conflit est souvent négligé et supplanté par le conflit entre la Géorgie et l'Ossétie du Sud, pourtant, il compte à lui seul plus de 6000 morts au combat et au moins 15000 civils tués sans compter les disparitions et les mouvements migratoires qu'il provoqua. En ce sens, Mandarines joue parfaitement le rôle de piqûre de rappel en projetant sur les écrans ce conflit post-Guerre Froide. Le film montre d'ailleurs de façon très claire une partie des mouvements migratoires liés à ce conflit en prenant pour vision celle de deux Estoniens installés en Abkhazie et refusant de quitter leur lopin de terre pour retourner dans leur pays d'origine.
2. Parce que le jeu des acteurs est juste et sans fautes. Nul besoin de long discours, nul besoin de voix off, le jeu des acteurs se suffit ici à lui-même. On apprécie de découvrir ces acteurs peu connus du grand public mais pourtant excellents dans leur rôle: Lembit Ulfsak (Ivo) en vieil homme sage dont le regard suffit à entendre les émotions et dont la simple bonté fait plier les envies vengeresses de deux ennemis, Elmo Nüganen (Markus) dont la simplicité, et Misha Meskhi (Niko) et Giorgi Nakashidze (Ahmed), excellents dans ce rôle d'ennemis qui se laissent porter par leur envie de vivre et par leur humanité et en oublient leurs ressentiments.
3. Pour le message pacifiste et universel délivré par Zaza Urushadze. Bien qu'intégré au contexte précis de la guerre d'Abkhazie, ce film délivre un message pouvant s'appliquer à l'ensemble des conflits mondiaux. Cet humanisme délivré en temps de guerre est un exemple à suivre. Mandarines, ou comment rendre de son humanité à des hommes déshumanisés par le conflit sans sombrer dans le pathétique.
4. Pour la fin. On ne voudrait pas vous spoiler donc nous n'irons pas plus loin mais nul ne pourrait s'attendre à cette fin qui participe d'ailleurs grandement à la thèse du film. On ne saurait parler d'humanisme sans déshumanise.
5. Parce que le réalisateur participe à la reconstruction d'un pays et à l'amoindrissement d'un ressentiment. Les dialogues mêlent géorgien, russe et estonien offrant à ces peuples un élément supplémentaire de culture commune et dénonçant l'absurdité des conflits inter-ethniques caucasiens mais également mondiaux.